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Issue
Histoire Epistémologie Langage
Volume 41, Number 1, 2019
La linguistique chinoise : influences étrangères entre XIXe et XXe siècles
Page(s) 97 - 113
DOI https://doi.org/10.1051/hel/2019003
Published online 10 June 2019

© SHESL/EDP Sciences

Introduction

La Chine possède l’une des plus riches et des plus anciennes traditions d’études linguistiques au monde, notamment dans les domaines de la lexicographie, de l’étymologie et de la phonologie (Hú 1987). Toutefois, les études grammaticales ont connu un développement très tardif dans l’histoire des études linguistiques chinoises (Peyraube 1999, p. 66) et ont été principalement représentées par des gloses sur les particules grammaticales, comme le souligne Harbsmeier (1998, p. 86-87) : « In so far as we have grammar in traditional China, it is in the form of explanatory glosses on grammatical particles and – much later – dictionaries of grammatical particles ».

Ces explications sur les particules grammaticales pouvaient faire partie de gloses philologiques sur les ouvrages canoniques ou bien figurer parmi les entrées de dictionnaires généraux (Harbsmeier 1998, p. 92-93). Ce n’est qu’à partir des époques Song (960-1279) et Yuan (1279-1368) que des ouvrages spécialisés apparaissent : tout d’abord le Wénzé 文則 (« Règles de composition littéraire », 1170) de Chén Kuí 陳騤, qui peut être considéré comme le plus ancien glossaire de particules, puis le Yŭzhù 語助 (« Particules grammaticales », 1324) de Lú Yǐwěi 盧以緯 qui représente « la première analyse d’envergure des particules grammaticales de la langue classique » (Peyraube 2000b).

Avec ces recueils, les particules grammaticales deviennent un objet d’étude spécifique, auquel des ouvrages entiers sont consacrés, ce qui constitue une nouveauté par rapport aux analyses partielles ou occasionnelles propres à la tradition exégétique précédente.

C’est toutefois à l’époque Qing (1644-1911) que ce genre se développe véritablement. Trois recueils occupent, en particulier, une place importante dans l’histoire des études grammaticales chinoises (Hú 1987, p. 324-331) : le Xūzìshuō 虛字說 (« Traité sur les mots vides », 1710, publié en 1746) de Yuán Rénlín 袁仁林, qui jette les bases des études grammaticales d’époque Qing (Hú 1987, p. 324) ; le Zhùzì biànlüè 助字辯略 (« Compendium de particules grammaticales », 1711) de Liú Qí 劉淇, le plus vaste répertoire de particules de l’époque impériale ; et le Jīngzhuàn shìcí 經傳釋詞 « Explication des particules dans les Classiques et dans les commentaires » (désormais JZSC) de Wáng Yǐnzhī 王引之 (1766-1834), qui représente l’apogée du genre (Peyraube, 2000c, 2000d et 2000e) 1.

Les glossaires de l’époque Qing exerceront une influence non négligeable sur les études linguistiques chinoises ultérieures : leur terminologie et leurs définitions des particules seront reprises dans la première grammaire native du chinois, le shì wén tōng 馬氏文通 (« Principes de base pour bien écrire de Monsieur Ma », 1898) de Mǎ Jiànzhōng 馬建忠, dont on considère généralement que la parution marque le début de la linguistique chinoise moderne (Peyraube 2000f ; Chappell et Peyraube 2014, p. 109-112).

Il est par ailleurs important de souligner que le développement des études grammaticales chinoises est étroitement lié à la riche production de grammaires et de méthodes occidentales sur les langues chinoises parues à partir du XVIIe siècle (Peyraube 2000a, p. 149 ;  Peyraube 2001 ; Pān et Shào 2005, p. 45). Les premières grammaires des langues chinoises ont été élaborées par des missionnaires occidentaux qui souhaitaient ainsi fournir à leurs confrères des outils d’apprentissage de ces langues. Outre ces grammaires et méthodes dues aux missionnaires basés en Chine, une production considérable de grammaires et de méthodes se développe au cours du XIXe siècle en Europe, grâce à l’essor des études chinoises européennes. C’est dans ce contexte que s’inscrit la Syntaxe nouvelle de la langue chinoise (1869-1870) de Stanislas Julien, professeur au Collège de France (alors Collège Royal) et figure clé de la sinologie européenne au XIXe siècle.

Dans ces ouvrages, des notions et des catégories issues de la tradition linguistique occidentale sont largement appliquées aux langues chinoises. Par ailleurs, la terminologie grammaticale d’inspiration occidentale est progressivement traduite et utilisée dans les grammaires et méthodes rédigées ou traduites en chinois à la fin de l’époque Qing (Pellin 2009). Toutefois, il existe également des exemples, moins nombreux, de traductions et d’adaptations de la terminologie et de catégories de la philologie chinoise en langues européennes.

Le « Traité chinois des particules et des principaux termes de grammaire », traduction française du répertoire de particules de Wáng Yǐnzhī, constitue un exemple particulièrement significatif à cet égard.

1 Le Jīnghuàn Shìcí de Wáng Yĭnzhī

Fils du philologue et phonologue Wáng Niànsūn 王念孫 (1744-1832), Wáng Yǐnzhī (1766-1834) est un fonctionnaire-lettré qui a occupé plusieurs fonctions de prestige au sein de l’administration impériale2. Philologue éminent, il est l’auteur de l’Explication des particules dans les Classiques et dans les commentaires (Jīngzhuàn shìcí, achevé en 1798 et publié en 1819), des Commentaires et questions sur les Classiques (Jīng yì shù wén 經義述聞, 1797), ainsi que des Corrections au Dictionnaire [de l’ère Kangxi] (Zìdiǎn kǎozhèng 字典考證, 1831), ce dernier ouvrage ayant été rédigé en collaboration avec son père, Wáng Niànsūn.

Le JZSC peut être considéré comme le plus important répertoire de particules du chinois classique et a fait l’objet de plusieurs commentaires et suppléments3. Comme son titre l’indique, cet ouvrage se propose d’analyser les particules (shì cí « expliquer les particules ») contenues dans les textes classiques (jīng zhuàn « Classiques et commentaires »4). Il s’inscrit par là même dans le sillage des ouvrages lexicographiques entièrement dédiés à l’analyse des particules grammaticales. Dans la préface (自序), Wáng Yǐnzhī souligne à quel point, dans le contexte de la philologie impériale, l’analyse des particules était négligée :

自漢以來 […]凡實義所在既明箸之矣而語詞之例則略而不究。(Wáng [1819]1984, p. 1)

[« Depuis l’époque Han […] les significations des mots pleins ont été expliquées tandis que les exemples de particules ont été négligés et n’ont pas été étudiés »].

Pour combler cette lacune, l’auteur analyse cent soixante particules issues des Classiques confucéens, des trois commentaires et d’ouvrages des époques Han et pré-Han5 (Wáng [1798]1984, p. 3-4 ; Peyraube 2000e).

Ce corpus inscrit Wáng Yǐnzhī dans le climat intellectuel de son temps, dominé par la Hànxué 漢學 « école Han ». Ce courant se proposait de revenir à la signification authentique des textes canoniques grâce à l’étude de la philologie Han (et pré-Han) afin d’essayer de dépasser ou de récuser l’influence neo-confucéenne de l’époque Song (Elman 1984 ; Peyraube 2000a, p. 57). Des ouvrages d’époque Han ou pré-Han, tels que le Shuōwén jiĕzì 說文解字6 et le Ĕryă7 爾雅, constituent ainsi les sources principales du JZSC. L’auteur souligne par ailleurs au début de sa préface que « les explications des particules ont commencé avec le Ĕryă » (語詞之釋肇于爾雅). Les gloses du philologue Zhèng Xuán 鄭玄 (127-200), qualifié par Elman (1984, p. 28) de « saint patron » de la Hànxué, sont également reprises par Wáng Yǐnzhī.

Si la philologie Han est fondamentale dans cet ouvrage, il ne faut pas omettre la place qui y est reconnue à des ouvrages d’époque Tang (618-907), tels que le jīng zhèng yì 五經正義 (« La signification correcte des cinq Classiques »), conformément à cette volonté constante de dépasser l’influence néo-confucéenne Song et de s’inscrire dans la tradition exégétique précédente.

Parmi les sources citées, il convient également de mentionner le père de l’auteur, Wáng Niànsūn, dont les gloses sont introduites par la formule jiā dàrén yuē 家大人曰 « mon père affirme que… »8.

Les particules analysées sont classées selon leurs initiales, à leur tour hiérarchisées en fonction des points d’articulation. Ce classement ne correspond pas seulement à une volonté de faciliter la consultation, mais permet aussi d’analyser dans un même mouvement les particules qui ont une signification et une prononciation proches, suivant le principe selon lequel shēng jìn yì tóng 聲近義通 « si les prononciations sont similaires, la signification est liée », annoncé par Wáng Niànsūn dans la préface du Guǎngyǎ shū zhèng 廣雅疏證 (voir Wáng 1996, p. 184).

Chaque lemme du JZSC énumère les différentes significations d’une particule. Chaque acception est généralement expliquée au moyen de quasi-synonymes. Par exemple :

於猶在也 (Wáng [1819] 1984, p. 20)

[« [] 於 (« à, dans »)9 équivaut à [zài] 在 (« en ») »].

Cependant, une partie des entrées est définie par des « catégories », telles que des particules finales (yǔyǐcí 語已詞 ou yǔyǐ zhī cí 語已之詞)10, des particules initiales (fāyǔcí 發語詞) ou les différents types de connecteurs. Par exemple :

而者承上之詞或在句中或在句首其義一也 (Wáng [1819] 1984, p.138)

[« [ér] 而 (« et, alors »)11 est un connecteur [chéngshàng zhī cí, particule qui indique un enchaînement avec ce qui précède12]. Il peut se trouver au début ou au milieu d’une phrase, la signification est la même »]. 

Ces définitions par catégories ou par quasi-synonymes sont généralement suivies par des citations dont la fonction est d’illustrer les emplois de chaque particule. On peut trouver des citations issues des Classiques confucéens et de leurs commentaires, ou bien tirées d’autres ouvrages cruciaux de la tradition culturelle chinoise (notamment d’ouvrages taoïstes tels que le Lǎozǐ 老子13), ainsi que des définitions et des exemples repris d’anciens dictionnaires (tels que le Ĕryă susmentionné)14.

Comme sa structure en témoigne, le JZSC est ainsi un dictionnaire de particules visant à aider à la compréhension des textes classiques et non un ouvrage cherchant à décrire le système grammatical. Il représente un exemple important de conceptualisation native des catégories grammaticales avant que ne soient introduites des études linguistiques d’inspiration occidentale.

Le JZSC, qui a occupé une place centrale dans le développement des études grammaticales et, plus généralement, de la linguistique chinoises, a exercé une influence considérable sur la philologie du XIXe et du XXe siècles, ainsi que sur la première grammaire autochtone du chinois, le Mǎ shì wéntōng (Hú 1987, p. 327 ; Chappell et Peyraube 2014, p. 111). La valeur philologique indéniable de cet ouvrage est à l’origine de son inclusion dans le premier volume de la Syntaxe nouvelle de la langue chinoise de S. Julien.

2 Stanislas Julien et La Syntaxe nouvelle de la langue chinoise

Stanislas Julien (1799-1873) est une figure clé de la sinologie européenne du XIXe siècle (Chappell et Peyraube 2014, p. 121). Il succède en 1832 à son maître Jean-Pierre Abel-Rémusat à la chaire de « Langues et littératures chinoises et tartare-mandchous » du Collège de France, la première chaire de chinois instituée en Europe. Il est également professeur de « chinois vulgaire » à l’École spéciale des langues orientales vivantes (aujourd’hui Inalco) à partir de 1863.

On doit à Julien la traduction et l’édition critique de deux célèbres méthodes chinoises d’apprentissage des caractères et du lexique, le Livre des mille mots (Qiānzìwén 千字文, traduit en français) et le Classique des trois caractères (Sānzìjīng 三 字 經, traduit en latin et en anglais) (Julien 1864a, 1864b, 1864c).

Julien est par ailleurs l’auteur de plusieurs travaux sinologiques, parmi lesquels des ouvrages à caractère didactique et linguistique, notamment les Exercices pratiques d’analyse, de syntaxe et de lexicographie chinoise (1842)15, les Si-tch’ang-k’eou-t’eou-hoa, Dialogues chinois, à l’usage de l’École spéciale des langues orientales vivantes (1863), et surtout les deux volumes de la Syntaxe nouvelle de la langue chinoise (Julien 1869 ; Julien 1870).

Dans l’« Avertissement de l’auteur » (1869, p. vii) qui ouvre le premier volume de la Syntaxe nouvelle, Julien précise la fonction de cet ouvrage et son public cible :

Ce n’est point, à proprement parler, une grammaire chinoise complète dans toutes ses parties ; c’est seulement un supplément considérable à toutes celles qui ont paru jusqu’à ce jour. Les étudiants et les personnes avancées que j’ai eus en vue en la composant, possèdent nécessairement une ou plusieurs des grammaires les plus répandues.

Le premier volume de la Syntaxe nouvelle est ainsi constitué par « a very short description of seventy-two pages in length for ‘the style antique’ or gǔwén 古文 » (Chappell et Peyraube 2014, p. 121), suivie par des suppléments (deux glossaires de particules, un glossaire d’expressions idiomatiques et des « exercices de traduction »).

Dans cette première partie consacrée à la description linguistique, Julien justifie le recours à la terminologie et aux catégories propres à la tradition linguistique occidentale en invoquant leur clarté et leur efficacité pour un public formé dans cette tradition16 : « sans ce langage de convention il me serait impossible de traiter, à mon point de vue, de la grammaire chinoise » (1869, p. 9).

Toutefois, cela s’accompagne d’une volonté de prendre en compte les spécificités de la langue et de la tradition linguistique chinoises. Comme l’indique le titre complet du premier volume (Syntaxe nouvelle de la langue chinoise, fondée sur la position des mots, suivie de deux traités sur les particules et les principaux termes de grammaire, d’une table des idiotismes, de fables, de légendes et d’apologues, traduits mot à mot par M. Stanislas Julien), une grande importance est accordée à l’analyse de l’ordre des mots et à la présentation des particules grammaticales.

Si l’importance de l’ordre des mots dans l’expression des relations grammaticales était déjà soulignée dans les plus anciennes grammaires des langues sinitiques, notamment dans l’Arte de la lengua chiu chiu (voir Klöter 2011)17 et dans la Grammatica sinica du jésuite Martino Martini (Bertuccioli (éd.) 1998, p. 409), cet aspect ne deviendra véritablement central que dans les Elements of Chinese Grammar de Joshua Marshman (1814) et dans l’ouvrage de Julien qui s’inscrit dans son sillage (Julien 1869, p. vii-viii)18.

Julien réserve également une place significative à la description et à l’analyse des particules grammaticales19, auxquelles deux sections spécifiques de son ouvrage sont consacrées : les « Monographies » et le « Supplément aux monographies ». Dans le préambule aux « Monographies », Julien explique que celles-ci devaient compléter la première partie de l’ouvrage, centrée sur « les règles de position qui se rapportent […] aux noms et aux verbes » et qu’elles proposent des « descriptions particulières, aussi complètes que possibles, des mots qui jouent un rôle important dans la langue chinoise » (1869, p. viii).

Les « Monographies » se présentent comme de brefs chapitres (de 4 à 10 pages par monographie) consacrés à des particules fréquentes du chinois classique et dont l’objectif est d’en énoncer les significations et les emplois à l’aide d’exemples illustratifs. Mentionnons ainsi une « Monographie de tchi 之 − Douze emplois », une « Monographie de wei 為 au premier ton (quinze emplois) » ainsi qu’une « Monographie de tchou 諸 (douze emplois) ».

Chaque « emploi » des particules est présenté à travers le renvoi à un équivalent possible en français et explicité par des définitions et des citations tirées de dictionnaires chinois (notamment le Dictionnaire de l’ère Kangxi, 康熙字典) ou de dictionnaires du chinois en langues européennes, tels que ceux de Basilio Brollo (1648-1704) 20 et de Robert Morrison (1782-1834)21. Les « Monographies » sont suivies par le « Supplément aux Monographies », également consacré aux particules grammaticales, intitulé « Traité chinois des particules et des principaux termes de grammaire ».

Le « Traité chinois des particules et des principaux termes de la grammaire »

Le « Traité chinois des particules et des principaux termes de grammaire » constitue, à notre connaissance, la première traduction et adaptation du JZSC de Wáng Yǐnzhī dans une langue occidentale.

Julien motive le choix de traduire ce « curieux et savant Traité » par sa forte valeur philologique, affirmant avoir été « frappé des valeurs nombreuses et remarquables qu’il [Wáng Yǐnzhī] attribue à certains caractères usuels auxquels on ne donne ordinairement que deux ou trois significations » (Julien 1869, p. 153) et écrit vouloir en « donner la meilleure partie, appuyée de nombreux exemples, soigneusement traduits » (1869, p. 15).

Il s’agit en effet d’une traduction partielle de l’ouvrage de Wáng : seules 46 particules ont été sélectionnées par Julien22 qui présente souvent des versions abrégées des entrées, omettant de traduire une partie des citations ou excluant certains emplois des mots. Le Traité se présente comme un glossaire de 78 pages (p. 153-231) à mettre en regard avec les plus de 200 pages de l’édition consultée du JZSC.

Par ailleurs, l’organisation du Traité se différencie de celle du JZSC : si le critère phonétique présidait au classement des lemmes dans l’ouvrage de Wáng, les entrées ont été réorganisées par Julien en fonction des clefs et du nombre de traits, suivant un principe de classement répandu dans la tradition lexicographique chinoise23.

Le Traité s’ouvre ainsi avec l’entrée « 一 », caractère qui est généralement répertorié comme la première clé dans les dictionnaires chinois24, mais qui ne figure qu’à la troisième section (juǎn 卷 « fascicule ») du recueil de Wáng (qui était structuré selon des critères phonétiques).

Nous reproduisons ici la première entrée du Traité qui sera analysée en la comparant avec le lemme correspondant dans l’ouvrage original :

I équivaut à kiaï 皆 tous, tout.

Chi-jing [Shījīng 詩經 « Classique des Odes »], ode Pe-men [Běimén 北門] : 政事一埤益我. En mandchou : dasan i baita be bireme (en totalité) minde chachakhabi. Lacharme : regni regimen mihi totum incumbit.

Li-ki [Lǐjì 禮記 « Mémoires sur les rites »], ta-tch’ouen [Dà zhuàn 大傳 « Grand traité »]: 五者一得於天下, 民無不足 pour五者皆得於天下 Ces cinq choses on les obtient toutes dans l’empire, 一 parmi le peuple il n’y a personne qui n’ait sa suffisance et qui ne soit riche 民無不足、無不贍者.

On écrit aussi 壹i dans le sens de kiaï 皆 tous. L’exemple que cite Wang est tiré du Li-ki [Lǐjì禮記 « Mémoires sur les rites »]

II équivaut à hoehoe 或, 1° tantôt, tantôt

2° celui-ci ou celui-là, l’un ou l’autre

(Morrison, part II, N.° 4447 : this or that, either.)

Li-ki [Lǐjì禮記 « Mémoires sur les rites »], chap. Yo-ki [Yuèjì 樂記 « Mémoires sur la musique »] : 一動一靜者天地之間也。Ce qui tantôt se meut, tantôt reste au repos, c’est ce qui existe entre le ciel et la terre. En mandchou, kien 间也 kien-ye est rendu par ningge kaï, c’est ce qui (est).

Tch’un-thsieu [Chūnqiū 春秋 « Annales des printemps et des automnes »] première année de Tchao-kong [Zhāo gōng yuán nián昭公元年], commentaire de Tso-chi [Zuǒ shì Chūnqiū 左氏(春秋) « Commentaire de Zuo aux Annales des printemps et des automnes »] : 疆場之邑一彼一此 les villes de frontière (passeront) l’une à celui-ci (au royaume de Lou), l’autre à celui-là (au royaume de Kiu)

Ibidem, cinquième année : 臧一否, 何能常之。Tantôt un bon, tantôt un mauvais (présage) ; comment pourrait-on les rendre constants, c’est-à-dire : faire que les présages obtenus, en consultant la tortue, soient constamment heureux ?

Dictionnaire Eul-ya [Ĕryă 爾雅] 泉一見一否為瀸 quand l’eau d’une source tantôt parait tantôt non (c’est-à-dire tantôt est à sec) cela s’appelle Tsien ; 井一有水一無水為瀱汋quand un puit a tantôt de l’eau tantôt n’a pas d’eau, cela s’appelle ki-cho.

一 et 壹 se trouvent comme mots auxiliaires et insignifiants.

Kouan-tseu [Guǎnzi 管子 « Écrits de Maître Guan »] : 楚王之善寡人一甚矣. Le roi de Thsou m’aime beaucoup. Li-ki [Lǐjì 禮記 « Mémoires sur les rites»], chap. Than-kong, part. 2 [Tán Gōng xià 檀弓下] : 子之哭也, 壹似重有憂者. vous pleurez ; vous ressemblez à une personne qui a beaucoup de chagrin.

(Julien 1869, p. 155-156)

La première ligne de cette entrée du Traité « 一 I équivaut à kiaï 皆tous, tout », traduit littéralement le début du lemme « 一, 壹 » dans l’ouvrage original : [yī yóu jiē yě] 一猶皆也 (Wáng 1984, p. 70). Cette phrase, qui suit la formule définitoire par quasi-synonyme « X [yóu] 猶Y 也 », indiquant que « X is like Y in some respect or other » (Dobson 1974, p. 8), est traduite dans d’autres passages du Traité par « a le sens de » (Julien 1869, p. 166 et Wáng 1984, p. 57), « s’emploie pour » (Julien 1869, p. 167 et Wáng 1984, p. 58) ou encore « synonyme de » (Julien 1869, p. 24 et Wáng 1984, p. 165).

Dans le Traité, Julien ne traduit que deux des citations qui illustrent cette première signification de la particule 一, tirées l’une du Classique des odes et l’autre des Mémoires sur les rites. Pour la première, Julien accompagne la traduction française de la traduction latine du jésuite Alexandre de Lacharme (1695-1767)25 ainsi que d’une traduction mandchoue26.

La deuxième acception de « [] 一 » dans le JZSC (一猶或也 «  équivaut à huò [ou bien]») n’est pas traduite par Julien, qui se focalise sur l’emploi de la structure « []一 …[] 一 … » traduite par « tantôt, tantôt » et « l’un ou l’autre », en suivant la traduction anglaise de R. Morrison.

Les citations de Lacharme et les renvois à Morrison montrent combien Julien tient compte des apports de la sinologie européenne dans sa traduction d’un ouvrage philologique chinois.

Par ailleurs, pour illustrer ce dernier emploi de la particule, Julien traduit une série de citations tirées des Mémoire sur les rites, d’un commentaire canonique (le Commentaire de Zuo aux Annales des printemps et des automnes), et du dictionnaire Ĕryă, ouvrage de référence pour les philologues de la Hànxué (Elman 1984).

D’autres exemples et significations de la particule figurant dans le JZSC sont omis, et cette entrée du Traité se conclut avec l’emploi de « 一 et 壹 » comme « mots auxiliaires et insignifiants », illustré par deux exemples. L’expression « mots auxiliaires et insignifiants » traduit yǔzhù 語助 (voir Wáng 1984, p. 71 : « [yī, yǔzhù yě]一語助也 »), terme générique utilisé pour indiquer les particules dans le JZSC.

Si le terme yǔzhù avait été employé par le philologue Zhèng Xuán à l’époque Han, puis dans le recueil de Lú Yǐwěi à l’époque Yuan, il avait été abandonné au profit de zhùzì 助字 par Liú Qí à l’époque Qing. Le choix de yǔzhù par Wáng est probablement lié à une volonté de s’inscrire dans une tradition plus ancienne (Chappell et Peyraube 2014, p. 112).

Julien traduit ce terme par « mot auxiliaire », « caractère auxiliaire » (Julien 1869, p. 179) ou « signe auxiliaire, insignifiant » (ibid., p. 193).

Dans le cadre de cet article, il ne nous sera pas possible de comparer l’ensemble des lemmes communs aux deux textes. Nous avons ainsi choisi d’analyser des extraits d’entrées qui nous semblent représentatifs à la fois des modalités de présentation des particules dans le JZSC et des modalités de traduction et d’adaptation des lemmes par Julien.

Plusieurs emplois de la particule « khi [] 其 »27 sont répertoriés dans les longues entrées qui lui sont consacrées dans les deux ouvrages (pages 173 à 177 du Traité et pages 108 à 113 de l’édition consultée du JZSC) :

khi, vulgo ille, suus, iste

Il est inutile de citer des exemples.

Khi [] 其, a le sens de tsiang [jiāng將], marque du futur.

Chou-king [Shūjīng 書經 « Classique des documents »], chap. Thang-chi [Tāng shì 湯誓 « Harangue de T’ang »]:予其大賚汝 je vous récompenserai grandement. (J. Legge : I will greatly reward you).

[…] Wang cite encore douze passages où khi paraît une marque du futur.

Khi équivaut à chang [shàng] 尚encore (sic) et à chou-ki [shùjī] 庶幾 peut-être (sic)

Chou-king [Shūjīng 書經 « Classique des documents »], chap. Kin-theng [Jīn téng 金滕 « Le cordon d’or »]: 我其為王穆卜 [Dans ce passage, j’aime mieux regarder khi 其comme marque de l’impératif (voyez l’impératif pages 63,64) : Consultons avec respect la tortue, au sujet du roi. C’est aussi le sens qu’a adopté J. Legge : Let us reverently consult the tortoise concerning the king. SJ].

[…] Dans tous les passages du Chou-king, mentionnés plus haut, le docteur James Legge a constamment mis à l’impératif les verbes précédés de khi 其.

Dans cette première partie du lemme « khi [] 其 », Julien introduit l’emploi de la particule comme pronom démonstratif et adjectif possessif au moyen d’équivalents en latin (ille, illud, suus) et ajoute la mention « Il est inutile de citer des exemples » pour indiquer que cet emploi n’est pas illustré par des citations dans l’ouvrage de Wáng.

Julien ne traduit pas le terme zhǐshì zhī cí 指事之詞 (litt. « particule qui indique les choses ») qui définit cette première signification de la particule dans l’ouvrage original28 et qui est traduit dans d’autres passages par « pronom démonstratif » 29. 

Par ailleurs, Julien choisit de ne pas traduire toutes les acceptions de la particule énumérées dans le JZSC, préférant se concentrer sur l’explication des emplois les plus difficiles ou controversés. Ainsi, pour l’emploi de la particule dans le « sens de tsiang [jiāng 將], marque du futur », Julien ne choisit que deux des exemples de l’entrée de Wáng. Il s’agit de deux citations du Classique des documents pour lesquelles il se réfère à la traduction anglaise d’un des plus importants sinologues de l’époque, James Legge (1815-1897)30. L’expression « marque du futur » est une explicitation due à Julien car le lemme original présentait simplement les deux particules comme quasi-synonymes (« [qí yóu jiāng yě] 其猶將也 », Wáng ([1798]1984, p. 109).

Dans le paragraphe suivant, Julien conteste l’équivalence établie par Wáng entre la particule 其et les particules shàng 尚 « encore » et shùjī 庶幾 « peut-être »31 et, en s’appuyant sur la traduction anglaise du Classique des documents par Legge, interprète la particule comme une « marque de l’impératif ».

Dans le lemme du JZSC, la particule 其 est ensuite présentée comme l’équivalent d’une autre particule, zhī 32, à son tour polysémique. Dans sa traduction de cette partie du lemme, Julien identifie trois rapports de quasi-synonymie entre les deux particules et les explique en faisant référence aux cas accusatif et génitif ainsi qu’aux particules relatives33 (Julien 1869, p. 175) :

khi 其 s’emploie pour tchi 之, illud (à l’accusatif) […]

khi 其 s’emploie pour tchi 之, marque du génitif […]

khi 其 s’emploie pour tchi 之, particule relative.

Plusieurs passages du Traité dénotent un effort pour rendre accessible l’ouvrage de Wáng, en traduisant le métalangage grammatical du JZSC au moyen de périphrases et en y associant des catégories familières pour un lecteur francophone.

Dans le lemme consacré à la particule rán 然, on peut ainsi lire que :

jen s’emploie lorsqu’on dépeint une chose (c’est-à-dire comme marque de l’adverbe) 34

On le trouve dans le Lun-yu [Lúnyǔ 論語 « Entretiens (de Confucius) »] : 斐然 élégamment, 喟然 en soupirant, 儼然 doucement, sans bruit. C’est une signification vulgaire.

(Julien 1869, p. 203)

Dans ce passage, la formulation « s’emploie lorsqu’on dépeint une chose » est utilisée pour traduire le terme chinois zhuàngshì zhī cí 狀事之詞. Julien y ajoute une classification familière pour le lecteur francophone, celle de « marque de l’adverbe », qui est explicitée par la traduction de trois exemples tirés de l’ouvrage de Wáng.

L’expression « signification vulgaire » traduit le terme chángyǔ 常語, qui indique un emploi fréquent d’une particule (Peyraube 2000e) et que Julien traduit par « signification ordinaire » (par exemple, Julien 1869, p. 158) ou « sens ordinaire » (ibid., p. 164) ou encore par le mot latin « vulgo » (ibid., p. 173 et 200).

Nous retrouvons le terme zhuàngshì zhī cí 狀事之詞 dans les premières lignes de l’entrée yān 焉, où ce terme, ainsi que le terme bǐshì zhī cí 比事之詞 (« particule de comparaison »), sont à la fois cités en chinois et traduits par des périphrases : 

yen, vulgo particule finale et particule interrogative.

Yen s’emploie (vulgo) dans le sens de jen 然 ainsi, de même lorsqu’on dépeint une chose 狀事之詞 ou lorsqu’on fait une comparaison 比事之詞.

(Julien 1869, p. 200)

Ces extraits montrent certaines des caractéristiques de l’ouvrage de Wáng ainsi que de sa traduction française par Julien. Dans les deux ouvrages, les significations et les emplois des particules sont illustrés par de nombreuses citations issues des textes du canon confucéen et d’anciens dictionnaires, pour lesquelles Julien ajoute la traduction française et des comparaisons avec les traductions dans d’autres langues.

Des efforts considérables sont déployés pour transposer la terminologie linguistique de Wáng, qui est parfois traduite (plus au moins littéralement), parfois explicitée au moyen de comparaisons et de paraphrases, ou encore clarifiée avec des renvois à des catégories « familières » pour les lecteurs européens.

Pour conclure

Avec sa traduction abrégée de l’« Explication des particules dans les Classiques et dans les commentaires » (JZSC), Julien rend hommage à la riche tradition philologique chinoise et offre aux lecteurs européens un aperçu du genre des répertoires de particules. Ce genre, qui se situe au croisement entre la lexicographie et les études grammaticales, a connu son apogée à l’époque Qing et a eu une importance considérable dans l’histoire de la linguistique chinoise. Le Traité chinois des particules et des principaux termes de grammaire donne accès aux modalités de structuration des lemmes et d’analyse des particules propres aux répertoires de l’époque Qing.

En traduisant les nombreuses citations auxquelles Wáng fait référence pour rendre compte des différents emplois des particules, Julien effectue des comparaisons avec des traductions européennes des ouvrages dont ces citations sont issues ainsi qu’avec les définitions des mêmes particules dans des dictionnaires occidentaux. Les apports de la sinologie européenne viennent ainsi accompagner les résultats de la philologie Qing.

Un effort considérable est déployé par Julien pour transposer les catégories analytiques et la terminologie grammaticale du JZSC. Julien adopte diverses stratégies pour transposer et rendre accessible les catégories et la terminologie du JZSC pour un public européen : nous retrouvons des termes traduits par des périphrases, ainsi que d’autres formes d’explicitation, comme le renvoi à des équivalents en français ou en latin ou la comparaison avec des catégories grammaticales occidentales.

Des catégories et des termes issus de la philologie chinoise sont ainsi associés à la terminologie forgée pour les langues européennes et ce brassage d’éléments issu des deux traditions est une des caractéristiques du Traité.

Cet article constitue une première contribution, non exhaustive, à l’analyse de cette traduction-adaptation, relativement méconnue, malgré son inclusion dans une grammaire largement diffusée au XIXe siècle et l’importance du texte source dans l’histoire des études grammaticales chinoises.

Le Traité constitue à notre avis un exemple représentatif des interactions entre philologie native et études occidentales au XIXe siècle et son analyse peut contribuer à tracer un cadre plus complet des études linguistiques pendant cette période charnière, caractérisée par l’apogée de la philologie impériale et l’introduction massive des études linguistiques occidentales.

Sources primaires

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1

Cette tradition d’études monographiques sur les particules grammaticales s’est poursuivie au cours du XXe siècle, notamment avec la publication du Cíquán 詞詮 « Explication sur les particules » par Yáng Shùdá 楊樹達 en 1954, puis plus récemment avec les études consacrées aux mots vides du chinois classique de Yáng Bójùn (1981), W. A. C. H. Dobson (1974) et Hé Lèshì (cf. Hé et al., 1985).

2

Compilateur de l’Académie Hanlin et examinateur provincial à Guizhou, Wáng sera nommé vice-président du Censorat en 1817, président du bureau des Cérémonies en 1830, puis président du Bureau des Compilations en 1832 (Peyraube 2000e).

3

Parmi lesquels le Jīngcí yăn shì 經詞衍釋 « Explication du Jingzhuan shici » (1873) de Wú Chāngyíng 吳昌營, ainsi que le Jīngzhuàn shìcí bŭ 經傳釋詞補 « Supplément au Jīngzhuàn shìcí » et le Jīngzhuàn shìcí zài bŭ 經傳釋詞再補 « Nouveau supplément au Jīngzhuàn shìcí » par Sūn Jīngshì 孫經世 (1783-1832).

4

Le mot jīng 經 « Classique » a été utilisé pour désigner les ouvrages qui constituaient le programme de l’Académie Impériale établie en 124 av. J.C. : le Classique des mutations, le Classique des odes, le Classique des documents, les Mémoire sur les rites, les Annales des printemps et automnes. Ce corpus de textes canoniques a été modifié et enrichi au fil des siècles, et a fini par inclure treize ouvrages, parmi lesquels trois « commentaires » (zhuàn傳) aux Annales des printemps et automnes : le Commentaire de Zuo, le Commentaire de Gongyang et le Commentaire de Guliang (Gardner 2007, p. xviii).

5

L’auteur affirme : « 自九經三傳及周秦西漢之書凡助語之文遍為搜討分字編次以為經傳釋詞十卷凡百六十字 » (Wáng, [1819]1984, p. 3-4) [« J’ai sélectionné tous les passages contenant des particules dans les neuf Classiques, les trois Commentaires, et dans des ouvrages des époques Zhou [Zhou orientaux, 7706256 av. J.C.], Qin [221-206 av. J. C.], et Han occidentaux [206 av. J.-C. − 9 ap. J.-C.], je les ai classés pour en faire le JZSC en dix fascicules et 160 lemmes »] (notre traduction). Guō (1998, p. 209) souligne que l’expression 百六十字 (litt. « 160 caractères ») fait référence aux entrées du glossaire, car certains lemmes prennent en compte plusieurs particules (le nombre de particules analysées est ainsi estimé à 248 par Guō).

6

Le Shuōwén jiĕzì (« Expliquer les graphies et interpréter les mots écrits », selon la traduction française proposée par Bottéro 2006, p. 115-136) de Xŭ Shèn 許慎 est un dictionnaire d’étymologie graphique central dans l’histoire de la lexicographie chinoise. Nous y trouvons un système de classement des caractères par clés qui sera largement repris dans les dictionnaires chinois (Bottéro 2011, p. 47-48).

7

Le Ĕryă (litt. « Approcher la perfection »), dont la datation peut être située entre le ve et le Ier siècle avant notre ère (Bottéro 2011, p. 41) et qui a probablement été composé pendant l’époque Han sur la base de manuscrits antérieurs (Peyraube 2000a, p. 55), est un thesaurus qui recueille des gloses lexicales quasi-synonymiques de termes anciens, désuets ou difficiles, suivant une organisation thématique. Il sera inclus parmi les treize classiques confucéens, étant considéré comme essentiel pour la lecture des ouvrages canoniques (Gardner 2007, p. xviii).

8

Dans la préface du JZSC, l’auteur reconnaît par ailleurs avoir commencé ses études sur les particules sous la houlette de son père, en l’interrogeant sur la signification de certains passages du Classique des documents (Wáng [1819]1984, p. 3).

9

Décrit par Pulleyblank (1995, p. 53-54) comme un des « coverbs of place », ayant un « primary verbal meaning » (« to be in, at ») et une valeur prépositionnelle (« in, at, to, from, than »), 於 introduit en position postverbale le complément locatif et l’argument datif (ibid. ; Aldridge 2016).

10

Termes repris respectivement du dictionnaire Shuōwén jiězì (cf. Wáng [1819]1984, p. 91) et des Yùpiān 玉篇 « Tablettes de jade », dictionnaire de graphèmes du VIe siècle (voir Wáng [1819]1984, p. 36). Guō (1998, p. 209-215) identifie pas moins de « quarante-deux catégories » (四十二类) dans le JZSC. Il faut préciser que des termes différents peuvent parfois renvoyer à une même catégorie. La redondance terminologique est une conséquence directe de la forte valeur philologique de ce recueil : Wáng y intègre de nombreux termes et définitions issus d’ouvrages antérieurs qui ne sont pas abandonnés ou modifiés par égard pour la tradition.

11

Ce marqueur de coordination, qui peut relier « à la fois des syntagmes verbaux et des propositions » (Djamouri 2011, p. 994), est énuméré parmi les « sentence connectives » par Harbsmeier (2016, p. 540).

12

Sur la reprise de ces termes et de ces notions par des auteurs plus tardifs voir l’article de T. Pellin dans ce numéro.

13

Ouvrage également connu sous le titre de Canon de la voie et de la vertu (Dàodéjīng 道德經). Pour une traduction française voir Jean Levi (trad.), Le Lao-tseu, Suivi des Quatre canons de l’empereur jaune, Paris, Albin Michel, 2017.

14

Des exemples de citations explicatives sont présentés à travers leur traduction française par Julien dans la section 4.

15

Publiés en réponse à la réplique de G. Pauthier sur l’Examen critique de quelques pages de chinois relatives à l’Inde (Paris, Imprimerie royale, 1841). Voir Rabut (1995, p. 229).

16

Approche partagée par de nombreuses grammaires missionnaires, voir Zwartjes (2011, p. 14).

17

La plus ancienne grammaire d’une langue sinitique qui nous soit parvenue. Cet ouvrage, écrit aux Philippines au début du XVIIe siècle, décrivait la variété parlée par la communauté chinoise établie dans le pays, appelé « Early Manila Hokkien » par Klöter (2011).

18

Cette idée directrice préside à l’organisation des sections, intitulées par exemples « Substantifs devenus des verbes actifs par position », « Passif indiqué par la position » (voir Julien 1869).

19

Sur la place réservée à la description des particules dans les grammaires européennes du chinois, voir l’article d’A. Di Toro dans ce numéro.

20

Le missionnaire franciscain Basilio Brollo est l’auteur d’un dictionnaire chinois-latin, le Dictionarium sinico-latinum, décliné en deux versions, l’une organisée par clés et l’autre par ordre alphabétique. Plusieurs éditions manuscrites ont circulé à partir de la fin du XVIIe siècle (Bussotti 2015 ; Yang 2014).

21

Le missionnaire protestant Robert Morrison est l’auteur notamment de A Dictionary of the Chinese Language, in Three Parts, publié entre 1815 et 1823 à Macao (cf. Yang 2014).

22

Julien explique avoir choisi de se focaliser sur « les caractères chinois qui présentent, en maintes occasions, de sérieuses difficultés » (Julien 1869, p. 154).

23

Comme évoqué, le système de classement des caractères par clés remonte au Shuōwén jiĕzì (Bottéro 2006, p. 115-136).

24

« 一 » était choisie comme la première clé dans le dictionnaire Shuōwén jiĕzì (cf. supra). C’est aussi la première clé dans le Kāngxī zìdiăn 康熙字典 (« Grand dictionnaire de [l’ère] Kangxi »), dictionnaire de référence de l’époque Qing.

25

Lacharme, Alexandre (trad.), Confucii Chi-King sive Liber Carminum, Stuttgart & Tübingen, D.G. Cotta, 1830.

26

Une des langues officielles sous la dynastie mandchoue des Qing. Une première traduction mandchoue du Classique des odes est parue en 1654 et a été rééditée en 1733 et 1768 (Strassberg 2014, p. 11).

27

Forme pronominale de troisième personne « used attributively in the sense of ‘his, her, its, their’ » (Norman 1997, p. 90), 其 est employé aussi comme un démonstratif « more or less equivalent to a definite article » (Pulleyblank 1995, p. 80). Cette particule (Pulleyblank 1995, p. 123) qui « qualifies a statement as possible or probable rather than as a matter of fact », est aussi utilisée dans des phrases impératives pour adoucir l’ordre en un souhait ou une exhortation (ibid. ; Norman 1997, p. 101), ainsi qu’en combinaison avec des particules finales pour introduire des questions rhétoriques (Pulleyblank 1995, p. 142 ; Norman 1997, p. 101).

28

Nous y lisons :
其指事之詞也常語也 (Wáng [1798]1984, p. 108).
« [] 其est un démonstratif. C’est un emploi fréquent ».

29

Par exemple dans le cas du lemme « [zhī] 之 » :
之, 指事之詞也[…] 亦常語 (Wáng [1819]1984, p. 197)
tchi 之, pronom démonstratif : ille, illa, illud, signification ordinaire (Julien 1869, p. 158)

30

J. Legge est l’auteur d’un travail de traduction considérable des ouvrages classiques chinois (cf. Legge 1861-1872). Il convient par ailleurs de souligner que Julien avait eu connaissance du JZSC grâce à Legge (Julien 1869, p. 153).

31

其猶尚也庶幾也 (Wáng [1819]1984, p. 109)
« [] 其équivaut à [shàng] 尚et [shùjī] 庶幾 ».

32

其猶之也 (Wáng [1819]1984, p. 112)
« [] 其équivaut à [zhī] 之 ».

33

Terme utilisé dans les grammaires descriptives de certaines langues européennes du XVIIIe et XIXe siècles pour définir le pronom personnel ou démonstratif ne italien (voir Joachim Landi, Principes élémentaires de la langue italienne, 3e éd. rev. et augm., Vienne, 1827, p. 150) ou la forme en du français (voir p. ex. François-Séraphin Régnier-Desmarais, Traité de la grammaire françoise, Paris, J.-B. Coignard, 1706).

34

Rán 然 est décrit par Pulleyblank (1995, p. 102) comme un « suffix forming expressives which describes the manner of an action » et par Norman (1997, p. 94) comme le plus important « pro-verb » (« words that can substitute specific verbs ») du chinois classique, signifiant « act in this (or in that) way) ».